lundi 9 avril 2018

Mes conseils pour un bel allaitement...

L'allaitement fut mon enfer durant les premières semaines de la vie de mon fils... Parce que j'étais mal informée, parce que j'ai cru naïvement que chaque problème avait une solution or, à partir de la naissance, et l'allaitement n'y coupe pas, ta nouvelle stratégie de jeunes parents, c'est l'improvisation... Retour sur quelques conseils que j'aurai aimé connaitre il y a quelques mois.



Si tu as choisis d'allaiter, ou au moins essayer, déjà bravo ! En France, 66% des femmes décident d'allaiter leur nouveau né, à 6 mois on en compte plus que 19%. Donc tu es une pionnière, sois fière, bombe tes boobs, t'es Lara Croft ! Car la plus grosse difficulté avec l'allaitement, c'est qu'on peut pas prévoir les difficultés. Alors il faut du repos, manger équilibré, boire beaucoup mais pas trop, bla bla bla... Tous ces conseils, tu les trouveras sur tous les sites du monde et si tu bois quand tu as soif et que tu enchaines pas "Roi des burgers-kébab-paninis", c'est pas ce qui sera le plus compliqué à gérer. Voilà ce que moi, jeune maman au départ perdue dans mon allaitement, j'ai envie de te dire sur ce phénomène aussi incroyable que complexe !

Si tu ne devais retenir qu'une chose de cet article : tu auras toujours assez de lait pour nourrir ton bébé. C'est vraiment très très important à intégrer. Toutes les femmes sont faites pour nourrir leur enfant.

Ça n'est pas possible de ne pas avoir assez de lait !


C'est une mauvaise interprétation. La production de lait c'est comme le verre d'eau de Volvic #annees90 : ton corps produit en continu, si tu vides, ça se re-remplit. Du coup, en effet, il peut arriver qu'après la tétée, bébé ait encore faim. Le temps que l'allaitement se mette en place, ou pendant les phases de croissance.

Il y a 2 types de femmes : celles qui ont les seins gonflés de lait 2 jours après l'accouchement, et les autres, comme moi, pour qui ça met plus de temps... Oui, parfois, la montée de lait est lente à venir, et majoritairement, c'est long, un peu compliqué mais ça passe. Et il peut arriver que les premiers jours, bébé n'arrive pas à être suffisamment repu pour bien dormir. Alors restons raisonnable, je parle en référentiel de bébé, c'est à dire des micro-siestes de moins d'une demi-heure (un cycle de sommeil complet de nouveau né, c'est environ 45 minutes) sur une période d'au moins 6 ou 7h  -et en dehors de la seconde nuit, cette fameuse nuit de la java ou bébé a besoin de récupérer de l’énergie...-
Mais si tu as le sentiment que ton bébé a vraiment faim, et que tu as tout tenté : tu as donné les 2 seins, plusieurs fois, tu as stimulé ton bébé pour qu'il tète plus, tu l'as gardé aux bras, emmailloté, et malgré tout, il n'arrive pas à rester endormi. Si tu es vraiment à bout, que le besoin de sommeil est obsessionnel et que tu commences à te demander si tu vas survivre au manque, que tu es prête à laisser tomber et passer au biberon pour pouvoir juste te reposer un peu, sache quand même que tu peux demander à la maternité une pipette de lait infantile en complément d'une tétée. Pas de risque de confusion sein/tétine puisque ce sont des pipettes, comme pour la vitamine K, et si ça peut permettre à bébé et maman de dormir 2 ou 3 heures, ça ne peut être que bénéfique. Le repos est indispensable à la production de lait. Et tu seras surprise de constater à quel point 3h de sommeil, c'est reposant pour une jeune maman !

Avant le "cap des 6 semaines", l'allaitement peut être déstabilisant, à cause de ce qu'on appelle les poussées de croissance : entre 2 et 3 semaines, entre 4 et 6 semaines, puis entre 10 et 12 semaines, et plus mais à ce stade, tu auras l'habitude. Concrètement, qu'est ce qui se passe... ? Vous commencez à trouver votre rythme avec bébé, il est repu avec un sein, éventuellement, de temps en temps, il prend un petit rab de l'autre côté mais globalement, tu te sens sereine, tu as le sentiment qu'il mange bien. Puis un jour, sans crier gare, ça ne va plus, il a besoin de téter les 2 seins, les tétées peuvent être plus longues, il demande à téter plus souvent, et peut même refaire une tétée de nuit qu'il ne prenait plus : globalement, tu as l'impression qu'il a toujours faim, et de passer ton temps à donner le sein et d'avoir les seins vidés. La journée, il est un peu plus grognon, sans que tu ais spécialement l'impression qu'il soit gêné par des coliques, il veut plus souvent les bras, dors moins, et les pleurs du soir peuvent être plus compliqués... Et voilà, c'est ça, une poussée de croissance. Bébé augmente ses rations, stimule donc plus la lactation, et comme il est jamais totalement repu, il est ronchon...

Attention, ça n'a rien à voir avec une baisse de ta lactation !


Si bébé tète plusieurs fois par jour, il n'y a pas de baisse de lactation. Et rassure toi, toutes les poussées de croissance ne sont pas forcément très marquées, au pire, ça ne dure que quelques jours. On dit souvent que la poussée des 3 mois est plus forte que les autres : personnellement, celle des 6 semaines m'avait un peu échaudée, je redoutais du coup les 3 mois et au final, c'est passé comme une lettre à la Poste à 2 mois et demi. Mais si c'est trop difficile, tu peux adopter la stratégie "du fort assiégé" (copyright perso !) : tu prends une bouteille d'eau/un thermos + un stock de nourriture prêt à consommer qui te fait plaisir à portée de main : gâteaux, brioche, chips, ... + Netflix/ton téléphone/un bouquin, et tu squattes ton lit ou le canapé. Ne pas hésiter à s'allonger, ça repose, donc tu ranges la culpabilité de ne rien faire au placard et c'est parti pour une journée câlinours open nibards !

Jadis, on disait que cette stimulation de la lactation s'accompagnait d'un pic de croissance du bébé : honnêtement, je suis pas sûre que ça soit vérifié et je trouve pas ça flagrant. En revanche, à chaque fois avec monsieur Epatemoi, on observe de nets progrès dans l'évolution de notre mini-nous : il s'éveille un peu plus, se concentre et s'intéresse à de nouvelles choses, ça peut être qu'il tient mieux sa tête, qu'il arrive à trouver son pouce, qu'il a l'air de mieux voir autour de lui, qu'il est plus autonome... Et vraiment, j'ai appris à apprécier cette phase de poussée de croissance, parce que mon petit bonhomme fait un petit pas de plus dans son évolution et avec son papa, on s'émerveille à chaque fois des nouveaux tours qu'il découvre.

Prends de la hauteur !


Il faut vraiment aller contre ses idées reçues... En ce qui me concerne, j'imaginais mon allaitement comme une cascade de lait, des seins remplis tels les réserves mondiales pouvant alimenter tous les lactariums de France, des coussinets d'allaitement gorgés, bref un vrai buffet de lait à volonté. Au final, je n'ai jamais vraiment eu cette sensation de seins plein de lait, j'ai rarement eu les seins gonflés, et quand c'est arrivé, c'était toujours le matin, après 10 ou 12h sans tétée... oui, mon fils aime dormir la nuit, grand bien lui fasse ! mais c'était surtout de l'engorgement. Je n'ai jamais utilisé de coussinets d'allaitement, j'ai "fui" seulement la nuit, lorsque je dormais en appui sur le ventre, et je peux compter les fois où c'est arrivé sur les doigts d'une main. Bref, je n'ai jamais eu aucun symptôme de montée de lait, et pourtant, ma lactation est satisfaisante pour mon bébé !

Attention au tire lait ! La quantité de lait tiré en vidant un sein n'a rien à voir avec la quantité bue par bébé. Bébé sera toujours bien meilleur qu'un tire-lait, il y a d'ailleurs plusieurs modèles de tire-lait, plus ou moins efficaces, et le corps a quand même besoin de s'adapter au fonctionnement de la machine pour produire suffisamment. Et le lait tiré ne fait pas défaut à bébé, puisque la production est continu, bébé aura toujours suffisamment de lait pour lui.

Comme les grossesses, chaque allaitement est différent ! Même pour une femme ayant plusieurs enfants. Il y a des bébés qui préfèrent téter peu, mais souvent. Des bébés qui préfèrent téter un peu plus, et plus espacé dans le temps. Des bébés qui aiment téter la nuit, en tête à tête avec leur maman. Des bébés qui aiment dormir et qui prennent tout leur lait la journée. Des bébés qui tètent longtemps, d'autres qui tètent à la vitesse de l'éclair. Parfois, il y a des tétées pour manger, parfois c'est plus des tétées câlins. Bref aucune norme, et jamais rien d'anormal, juste différent.

Beaucoup d'autres sujets entourent l'allaitement, comme l'utilisation de la sucette qui pourrait contenter le besoin de succion du bébé en lieu et place du sein. Mon fils a une "susu" depuis qu'il a 1 semaine, et il fait trèèèèèèès bien la différence entre tétée et sucette ! Il n'a jamais refusé le sein au profit de la sucette, en revanche l'inverse si...! Mais il aime pouvoir être "indépendant", tourner la tête, observer le monde tout en tétouillant sa susu, et ça ne l'empêche pas de faire des tétées câlins lorsqu'il en a envie. Il faut avant tout faire confiance à son bébé.

L'allaitement, c'est du feeling


Il y a des jours où ça sera pas facile, des jours où tu auras envie de laisser tomber, mais à ce moment là, souviens toi que les biberons c'est pas magique non plus. Il y a potentiellement plus de coliques, un risque de constipation, des reflux, le temps de préparation du bibi et le chauffe biberon qui chauffera jamais assez vite vs la patience de bébé, et toute une logistique : gérer le stock de lait en poudre, de biberons, les nettoyer, et je te parle pas des déplacements où il faut prévoir les bibis en plus des couches et du matos... Bref, il y a pas de méthode miracle. En fait, avoir un bébé c'est compliqué. Qu'il tète au sein, ou au biberon.

Ce qui est important, c'est d'intégrer que ton allaitement, c'est vraiment une relation entre toi et ton bébé. Tu peux lire tout internet, et crois moi, j'ai retourné le web, la réponse à ta question, qu'elle qu'elle soit, c'est "à toi de voir, comme tu le sens, il n'y a que toi qui peut savoir". Et franchement, quand tu es paumée, entre ce bébé que tu ne comprends pas bien, la fatigue, ton nouveau rôle de maman, et l'entière responsabilité de mère nourricière sur tes nichons, c'est déroutant, voir agaçant, de pas avoir de directives ou de conseils clairs, vu que tu ne sais pas quoi faire... Voilà pourquoi souvent on laisse tomber. On se sent perdue. On se laisse influencer vers le confort normalisé des biberons. D'où l'importance d'avoir une amie à qui parler de ton allaitement, une sage femme, une puéricultrice, une conseillère en allaitement, des mamans allaitantes, que ce soit un groupe de paroles, à la maternité, à la PMI, ou à la Leche League. N'hésite surtout pas à prendre contact, dès que tu te sens un peu dépassée. Le soutien, d'où qu'il vienne, est précieux.

En un mot, la réussite vient de la confiance !


Le secret de l'allaitement c'est la confiance. D'où l'importance d'être informée, encadrée, rassurée. 

Il y a aussi quelques astuces. Par exemple, avoir une boite de lait infantile dans le placard. C'est le premier truc qu'on a fait en sortant de la maternité, elle est encore scellée, et je ne pense pas qu'elle servira désormais. Mais pour les premières semaines, ça m'a beaucoup rassurée de savoir que si jamais il y avait un soucis : un bébé affamé, pas suffisamment dans le bibi alors que je ne suis pas à la maison, ou un problème quelconque, je pouvais compter sur cette boite de lait en poudre.

Il existe aussi des tisanes d'allaitement. Je suis pas totalement convaincue que ça joue -je ne suis pas non plus convaincue que ça n'a pas d'influence- mais j'en prends au moins une par jour. D'une part, parce que je bois beaucoup de boissons chaudes la journée, ça me permet de varier et boire c'est important avec l'allaitement. Ensuite, elles ont du goût -fenouil majoritairement- ce qui n'est pas toujours le cas des infusions. En général, je suis pas trop fan des saveurs anisées, mais je m'y suis habituée et finalement j'aime bien. Et surtout, ça m'a permis d'avoir confiance dans ma lactation, moi qui ait passé un bon mois à remettre continuellement en cause ma production de lait, alors que mon bébé faisait plusieurs couches sales, mouillait bien ses couches et prend 1kg par mois... Prendre ma tisane, c'était comme donner un petit coup de pouce à mon corps et ça me rassurait sur ma capacité à produire suffisamment de lait pour mon petit. Alors si une tisane peut permettre de se sentir plus sereine, il n'y a pas à hésiter. Et je pense d'ailleurs que ça fera partie de ma prochaine valise de maternité ! NB : en cas de chaleur, ou pour celles qui ne sont pas très tisanes, le malt est lactogène donc la bière sans alcool est une bonne option !

En bref, l'allaitement, c'est une vaste randonnée dans l'inconnu, un premier pas dans cet instinct maternel animal, un échange avec ce petit être si mystérieux qui remplit ta nouvelle vie. Et même si c'est la meilleure option pour les mamans et les bébés, la plus naturelle, ça n'a rien d'obligatoire. Il y a plein de moyens d’interagir avec son bébé et de construire sa relation avec lui : lui parler, lui chanter des chansons, le bercer, le regarder dans les yeux, pratiquer le portage... L'allaitement ne doit pas devenir une corvée, une prison, un enfer. Prend de la hauteur, fais le point sur tes difficultés : est ce vraiment lié au sein, ou est ce simplement la responsabilité de ce petit bébé...? Et si c'est vraiment trop difficile pour toi, ne te culpabilise pas, les bébés nourris au lait infantile grandissent très bien, ils sont en bonne santé, font des études, vivent leur vie comme les autres ! L'important c'est de rester en accord avec toi même, de ne pas le regretter car faire machine arrière est compliqué. Écoute ce que ta petite voix intérieure te dicte de faire. Car il vaut mieux une maman heureuse avec un biberon, qu'une maman allaitante en détresse.

Pour en savoir plus sur l'allaitement, les conseils, des témoignages, des articles issus de recherches scientifiques et pas du chapeau de ta grand mère, tu peux faire un tour sur le site de Leche League en France, le blog A tires d'ailes sur Lactissima, et pediatre-online.

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